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C’est pourquoi, nous pensons qu’en fait, ces peintures de mœurs si vivement représentées, ces péripéties amorales, ces analyses sentimentales, ces thèses ou conclusions d’une moralité flottante, ne peuvent pas sans danger être mises entre les mains de lecteurs trop jeunes ou trop impressionnables.

Ces écrits présentent, du reste, dans leur ensemble, un autre péril qui, pour être moins sensible et d’un effet plus lent n’en est pas moins digne d’être signalé, parce qu’il constitue, à différents degrés, le grand mal d’une partie de cette littérature.

Ce qui, dans ce siècle, a perverti le plus de cœurs et perdu le plus d’imaginations, ce qui a enfanté le plus de misères, le plus de vices, le plus de crimes, ce qui arrivera devant le trône de Dieu avec le plus lourd cortège de malédictions, ce sont les romans.

Tous ou presque tous tendent à fausser la foi, la conscience et la piété ; ils sèment, dans les esprits, le scepticisme, l’indifférence ou le mépris pratique à l’égard de tout ce que la religion représente de sacrifices et de renoncements ; ils rendent les liseurs incapables de toute réflexion sérieuse, ils les dégoûtent des instructions et des pratiques religieuses, ou bien ils donnent à leur piété un caractère purement sentimental et faussement émotif.

Ils tendent à fausser le jugement. Ils présentent comme ordinaires des êtres et des états d’âmes exceptionnels, ils égarent les esprits dans l’ordre chimérique, et en les habituant à vivre dans le rêve, leur font perdre la juste orientation de la vie.

Ils faussent enfin l’âme tout entière, en exaltant l’imagination au détriment des autres facultés. Aussi les personnes qui les fréquentent assidûment ou presque exclusivement, prennent en dégoût ce qu’elles appellent le terre à terre de l’existence ; elles rêvent de situations