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le débutant

Ils étaient assis tous deux sur ce divan. Il y avait dans son maintien plus d’abandon que de coutume et il s’était hasardé à lui prendre la main pour y mettre un baiser. Sous la caresse de sa moustache, il sentit cette main frémir, en même temps qu’une voix attendrie essayait, mais en vain, de parler d’autre chose. Alors, sans abandonner cette main qu’il avait conquise, il se rapprocha davantage et, ingénument, lui avoua son grand amour.

Pour toute réponse, elle se jeta dans ses bras, lui offrant sa bouche. Au contact de ces lèvres s’entrouvrant comme un calice rouge de volupté, il perdit la tête. Cette petite bouche charnue, aux contours tentateurs, il la désirait depuis si longtemps, sans espoir de ne jamais obtenir la faveur d’y abreuver sa tendresse. Un geste instinctif du jeune homme avertit Simone du péril de la situation. Elle se dégagea doucement et lui dit : « Tu vois comme je suis faible ! Je t’aime trop. Il faut me promettre de ne jamais abuser de ma faiblesse ? » Et il le lui avait juré. Serment bien téméraire, s’il n’avait pas été inutile puisque, à cause de son inexpérience des femmes, il eut été fort embarrassé d’aller plus loin, sans qu’on y mît un peu de complaisance. Cependant, il était jeune, vigoureux, ardent, et parfois il souffrait de cette réserve.

Il se rappelait qu’un jour, revenue très lasse d’une longue course dans les magasins, Simone avait eu la fantaisie de se reposer près, tout près de lui. Ils

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