content, désappointé. Jacques Vaillant, s’étant procuré la pièce en brochure, chez son libraire, n’en revenait pas. Il manifesta son indignation en signalant à la jolie veuve les coupures qu’on avait faites :
— N’est-ce pas idiot, voyons ? Ici on remplace maîtresse par amie, là, enceinte par va devenir maman, plus loin ventre par ceinture. On fait parler des hommes comme de vieilles dévotes, des femmes du monde comme des séminaristes. Et la mise en scène du deuxième acte, par exemple, qui doit représenter une chambre à coucher où une femme se déshabille, au retour d’un meeting, et fait une scène à son époux qui ronflait dans les draps en l’attendant, on l’a remplacée par un salon où le mari se trouve étendu dans un fauteuil, en pijama et coiffé d’un bonnet de nuit, à trois heures du matin. Et la comédienne jouant le rôle de la suffragette attardée, ne sait que faire de ses dix doigts dans ce salon. Elle en est réduite à casser des jardinières, à saccager les bibelots, puis à s’asseoir dans un coin, en attendant qu’on veuille bien baisser le rideau afin de lui permettre, sans courir le risque d’être arrêtée pour outrage aux mœurs, d’ôter ses gants. Et vous allez voir qu’on ne saura pas comment ça finit ; car, on a dû couper la dernière scène, qui n’est pas assez convenable pour mériter l’indulgence de pieux censeurs.
— D’où vient donc qu’on laisse toute liberté aux théâtres anglais, tandis que le seul théâtre français où l’on puisse goûter le véritable esprit gaulois, applaudir les œuvres des maîtres de l’art, dramatique, est soumis à toutes sortes de vexations et sans cesse menacé d’interdit ?
— C’est, que, madame, lorsqu’une femme montre ses jambes en anglais, elle expose ses legs, vous comprenez bien que ce n’est pas la même chose et que