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le débutant


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AUX CHAMPS.




Parce qu’il était le plus intelligent de la classe, qu’il avait une jolie voix et que c’était un élégant petit homme, à chaque examen, l’institutrice du quatrième arrondissement, de la paroisse Mamelmont, lui faisait lire l’adresse de bienvenue à monsieur le curé et aux commissaires d’écoles. Cela ne lui plaisait guère, à cause des profondes révérences qu’il fallait faire au commencement et à la fin. Déjà, dans son âme d’enfant, il sentait l’humiliation des courbettes, pour la dignité humaine. Mais l’institutrice était si gentille avec lui, elle avait une façon de lui caresser la joue qui lui eut fait faire bien d’autres choses. Signes précoces, chez l’enfant, indiquant que plus tard l’homme joindrait à l’amour de l’indépendance, le culte de la beauté.

À douze ans, Paul Mirot aimait mademoiselle Georgette Jobin, l’institutrice. Il l’aimait parce qu’elle avait de grands yeux noirs et la peau blanche, la taille souple et le geste gracieux, bref, parce que c’était une belle fille. Il est vrai qu’elle était bonne pour lui, qu’elle le traitait en favori, parce que l’admiration de cet enfant pour sa beauté, la touchait comme un hommage sincère, sans l’ombre d’une mauvaise pensée. Souvent elle le gardait après la classe, l’amenait chez-elle, le prenait sur ses genoux et le

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