tre le scandale de la veille. Jacques Vaillant, se moqua de lui et mit le comble à la vertueuse indignation du rédacteur des nouvelles édifiantes en lui déclarant qu’il éprouvait la plus grande admiration pour ces Égyptiens élevant la volupté à la hauteur d’un culte qui en valait bien un autre. Le city editor coupa court à la discussion en déléguant Jacques à une séance de la Chambre de Commerce. Ce ne fut que le soir, chez lui, que Paul Mirot put interroger Vaillant sur son aventure avec la dame voilée. Il prit un long détour pour ne pas avoir l’air de solliciter une confidence indiscrète. Jacques, voyant où il voulait en venir, l’interrompit et lui dit avec une gravité comique :
— Noble jeune homme, au verbe incomparablement classique et dépourvu de sens commun, je crois comprendre par ce discours que tu brûles de savoir ce qui se passa entre ton humble serviteur et la mystérieuse personne qu’il accompagna, hier soir, à la sortie de l’Extravaganza ?
— Oh ! je voulais, tout simplement, te demander…
— Et moi, je me fais un plaisir de te répondre, sans remonter au déluge, qu’il ne s’est rien passé du tout. C’est une personne très respectable qui est, de plus, ma cousine du côté de ma défunte mère. Elle est veuve depuis trois ans, et parce qu’elle fut très malheureuse avec son mari, elle a le mariage en horreur. On a maintes fois, tenté de s’accaparer sa modeste fortune en même temps que sa beauté, sous le fallacieux prétexte qu’à son âge ce n’était pas convenable de vivre seule, presque en garçon. Mais, plus fine que le corbeau de la fable, elle n’a pas laissé tomber son fromage dans les pattes du renard. Oh ! si tu la voyais, mon cher, tu en deviendrais tout de suite amoureux, avec le tempérament d’artiste, de senti-