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le débutant

cles futurs, la gloire de leurs grands hommes et la splendeur de leur génie. Je ne parle pas de la décadence des empires s’effondrant dans le crime, pour faire place à l’ère chrétienne relevant les faibles et les opprimés, selon les admirables enseignements du Christ. Mais, hélas ! ces promesses de paix, de miséricorde et de justice, faites par les premiers apôtres, furent vite oubliées. D’autres tyrans remplacèrent ceux qu’on avait détrônés, et, l’ombre de la croix dominant le Golgotha, fustigèrent et asservirent le pauvre, le faible régénéré dans l’eau du baptême. Alors, les peuples traversèrent des temps aussi durs, souffrirent des maux aussi cruels, et n’eurent plus le spectacle de la beauté triomphante pour consoler leur infortune. Car, on leur enseigna que l’amour humain était un crime, la splendeur de la forme charnelle, une chose honteuse. On insulta le Créateur, tout en osant prétendre travailler à sa gloire, en inspirant aux ignorants le mépris de la plus parfaite de ses œuvres. Après des siècles de ténèbres, remplis de tristesse et d’épouvante, nous revenons au culte de la Beauté, grâce aux progrès de la science qui infiltre peu à peu dans les cerveaux obscurcis, sa lumière bienfaisante. Et ce culte, il me semble, en considérant ce couple harmonieux et beau, assister à sa victoire définitive sur celui de la Laideur.

Paul Mirot hasarda :

— Tu as, évidemment, l’âme athénienne, une âme semblable à celle de ces juges devant lesquels Phryné trouva grâce en leur révélant la splendeur de son corps dévoilé.

— Cela vaut mieux que de ressembler à La Pucelle, qui ne va plus à la campagne de crainte d’apercevoir des bêtes ne se gênant pas pour lui. Si jamais il se marie, il prendra une femme plate, anémique,

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