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titution, elles constituent un danger public. Et on ne fait rien pour protéger la jeunesse contre ce danger, sous prétexte qu’il ne faut pas donner de sanction au vice. Parler de réglementation à nos hypocrites, autant vaudrait s’adresser à des eunuques. Tant pis pour les naïfs qui s’y laissent prendre. Quant à toi, tu es averti : ni piano-legs, ni seineuses.

— Oh ! sois tranquille, j’ai une plus haute conception de l’amour. Du reste, ce n’est pas pour moi le temps d’aimer. J’ai autre chose à faire, pour le moment.

— Ce temps-là viendra peut-être plus tôt que tu ne crois.

À propos de ce dont nous parlions, il me semble que l’autorité civile ne devrait pas hésiter à adopter, une loi pour assurer, autant que possible, la sécurité au citoyen que ces femmes peuvent entraîner.

— L’autorité civile, elle s’incline toujours sous les menaces des faux défenseurs de notre vertu nationale, cette vertu qui change souvent de nom quand on ose porter la main sur elle pour lui arracher son masque. Il y a en ce pays, comme ailleurs, des femmes trompant leurs maris. Chez nos jeunes filles, la candeur n’est pas toujours réelle, et il y en a beaucoup qui sont parfaitement renseignées, et pour cause, sur l’admirable symbolisme de l’histoire de la pomme au Paradis Terrestre, pomme qui joua un si grand rôle dans le monde depuis l’aventure d’Adam et Ève. Et combien d’hommes affectant des mœurs austères, ne sont que des trousseurs de cotillons ? D’autres, chez lesquels la passion de l’argent domine, deviennent de véritables brigands en affaires, n’ont ni parole, ni scrupules quand il s’agit de s’accaparer le bien d’autrui. Et cela n’empêche qu’on les salue chapeau bas s’ils patronnent hypocritement des œuvres de bien-

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