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le débutant

Tout. Toutes ces correspondances que je viens de parcourir : la martyre de Saint-Origène ; ce jeune couple qui ne peut pas faire ses petites affaires tout seul ; cette jubilaire à laquelle on montra je ne sais quoi ; l’organiste qui fait entendre ses sons ; et la jeune fille se plaignant d’un certain moineau.

— Attends un peu, je vais t’apprendre…

Et Jacques Vaillant, après avoir lu ces correspondances, expliqua :

— Mais, mon cher, rien de plus simple. Jette-moi d’abord le moineau et la martyre de Saint-Origène au panier, ils s’entendront très bien ensemble ; couvre d’un trait de plume l’attitude équivoque des amis de la jubilaire ; laisse le jeune couple travailler à sa postérité, puisque le ciel bénit les familles nombreuses ; quant à l’organiste, enlève-lui sa sonorité personnelle et incongrue, pour faire courir ses doigts agiles sur le clavier d’ivoire produisant les sons les plus harmonieux.

Il dépouilla ensuite le reste des correspondances et indiqua à son ami les retouches à faire, entre autres l’annonce du mariage prochain d’un vieux garçon qui voulait, se produire avec une veuve pas farouche ; la nouvelle édifiante d’une paroisse où tout le monde avait pris la tempérance à la suite d’une retraite ; la communication importante du maire de La Rédemption, annonçant au pays que les habitants de par cheux eux avaient fini d’sumer leux pétaques.

Quand l’heure du midi sonna, Paul Mirot avait tant bien que mal accompli sa tâche de la matinée et il alla luncher de bon appétit, étant presque satisfait de lui-même…

À son retour, Blaise Pistache lui dit :

— Maintenant, je vais vous mettre à la traduction des dépêches : un bon journaliste doit savoir tout faire.

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