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le débutant

nieux. Le journaliste en herbe se demanda de quels sons le correspondant voulait parler. Un troisième s’étendait sur le récit de la célébration d’un anniversaire de naissance, une fête mémorable en l’honneur d’une jeune fille, où après un souper de première classe, l’ami de la jubilaire, lui avait lu une touchante adresse, accompagnée de cadeaux, tandis que les autres amis présents, lui montraient tout ce qu’ils éprouvaient envers elle. Suivait le compte-rendu d’une réunion intime, non moins mémorable, autour d’un jeune couple récemment uni par les liens du mariage, auquel on souhaitait, entre autres choses, une nombreuse postérité, et, pour assurer la réalisation de ce souhait, on demandait à Dieu de venir en aide aux tendres époux. Puis, c’était une martyre qui racontait son histoire au journal, en y joignant sa photographie ; la martyre de Saint-Origène. D’après le portrait, cette femme paraissait toute jeune et d’assez jolie figure ; elle était grande et mince, avec des yeux troublants d’hystérique. Son mari la soupçonnant d’infidélité, l’enfermait dans la cave quand il s’absentait de sa maison, une cave humide, remplie de rats. Et elle donnait des détails à faire dresser les cheveux.

Découragé, le jeune homme renonça à en apprendre davantage, et il se levait pour aller porter le paquet de correspondances au secrétaire de la rédaction, lorsque son ami Jacques, qui avait un moment de libre, vint à son secours :

— Eh ! bien, ça va les correspondances ?

— Ça ne va pas du tout. Je vais remettre ces papiers à monsieur Pistache et de lui demander de m’employer à autre chose.

— Ah ! non, ne fais pas cette bêtise. Débrouille-toi n’importe comment, mais débrouille-toi… Voyons, qu’est-ce qu’il y a qui t’embarrasse ?

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