Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
le débutant

vous ai parlé, et que pour me garder L’Éteignoir va m’augmenter de cinq ou six dollars par semaine. On va s’arracher le journal. Lisez l’affaire Poirot, c’est tapé, je ne vous dis que ça.

— C’est donc bien intéressant, cette affaire Poirot ?

— Tout le monde en parle. Et j’ai découvert des choses qui feront sensation.

— Vraiment !

C’est une femme de la meilleure société à qui Poirot donnait rendez-vous, tous les mardis, dans une maison hospitalière de la rue Victoria.

— Ah !

— Je la connais très bien.

— Vous connaissez tant de monde.

— Je connais aussi madame Poirot. C’est une femme d’une énergie de fer et pas commode, d’une laideur qu’aucun charme particulier n’atténue. Quand elle a découvert le pot aux roses, ça n’a pas traîné longtemps : un coup de rasoir et ça y était.

Solyme Lafarce illustra l’aventure abominable d’un geste qui ne laissa aucun doute à son interlocuteur sur la nature de l’attentat criminel. Le fameux reporter, tout en dévorant un plat de hachis qu’on venait de lui apporter, ajouta :

— Vous comprenez, on ne peut donner crûment tous les détails de cette affaire scabreuse dans un journal qui pénètre partout, qu’on reçoit dans les meilleures familles. Mais, comme j’excelle dans l’art de dire les choses à mots couverts, on les trouve quand même dans mon compte-rendu, sous une forme décente. Et, je parle de l’immoralité qui nous envahit de plus en plus, grâce aux mauvaises lectures, aux mauvais théâtres ; j’insiste sur le danger de la diminution de la foi remplacée par les idées nouvelles qui, si on n’y met un frein, feront disparaître bientôt jusqu’au

45