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le débutant

les depuis la terrible épreuve qui avait failli lui coûter la vie, lorsqu’un jour, en lisant le journal, il apprit son mariage avec Pierre Ledoux, le bourbonnien. Une lettre de Marcel Lebon, qu’il reçut le lendemain, lui donna des détails plus complets concernant ce mariage. Lebon lui racontait que le rédacteur de La Fleur de Lys paraissait bien chaste en se rendant à l’autel unir sa destinée à celle de la jeune fille qu’il s’était juré d’arracher aux frivolités du monde pour en faire une sainte. Il avait orné les revers de sa redingote, pour cette circonstance solennelle, de nombreux insignes de piété en celluloïde. Lebon assistait à la cérémonie et il avait remarqué que la sémillante Germaine paraissait bien triste. Ce mariage, du reste, avait surpris tout le monde, et on affirmait que c’était à la suite d’un chagrin d’amour et sur les instances de son oncle, le jésuite, que la jeune fille avait consenti à épouser La Pucelle.

Ce furent une tristesse et un regret de plus pour Paul Mirot, que de savoir celle qui lui avait inspiré un bien tendre sentiment, à laquelle il eut déclaré son amour le soir du bal du Windsor, s’il avait été libre, enchaînée pour la vie à ce visqueux personnage.

Et c’est ce qui le décida, définitivement, à s’en aller au plus tôt refaire sa vie sur une terre étrangère.

Une fois la chose résolue, il régla immédiatement ses affaires. Un acquéreur se présentait pour sa ferme, il la vendit, avec l’assentiment de l’oncle Batèche qui désirait depuis longtemps aller vivre de ses rentes au village où la tante Zoé pourrait se rendre à l’église tous les jours, autant de fois que cela lui ferait plaisir. Seulement, ces vieilles gens qui l’avaient élevé, regrettaient de le voir partir pour aller

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