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le débutant

que le Paladin avait été l’agresseur et le juge le condamna à vingt sous d’amende ou une heure de prison.

Le terme de la Cour du Banc du roi était ouvert depuis deux jours. Avant de quitter le palais, le jeune homme eut la curiosité d’assister à la séance de la cour d’assises. Son avocat lui avait dit qu’à cette séance, le juge devait prononcer la sentence dans l’affaire de la femme Jobin, trouvée coupable la veille par le jury, en même temps que son complice Dumas. Ces noms de Jobin et de Dumas le frappèrent et il voulut voir ce que c’était. Il s’agissait d’un vol sur la personne, compliqué de détournement de mineure. La femme Jobin tenait un magasin de tabac et de liqueurs douces, avec le nommé Dumas, qui était le souteneur de l’établissement. En arrière de la boutique on louait des chambres à tout venant, des chambres garnies… c’est-à-dire pourvues de femmes habituées du lieu. Un homme de la campagne avait été amené à cet endroit par Dumas et livré aux entreprises hardies de la femme Jobin et d’une fille mineure, qui l’avaient soulagé de tout son argent. La victime, d’abord, et les parents de la petite fille, ensuite, s’étaient plaints en justice, et de là l’arrestation des tenanciers de ce mauvais lieu. Paul Mirot causait avec Luc Daunais, le reporter de la police au Populiste, lorsqu’on introduisit les prisonniers. Par un sentiment de curiosité déjà en éveil, il leva les yeux sur eux, et les traits des deux misérables, quoique bien changés, lui rappelèrent ceux de son ancienne institutrice à Mamelmont, et du vilain camarade avec lequel il s’était battu à l’école. Quand le juge les désigna par leurs noms et prénoms et fit quelques remarques sur leurs antécédents, il n’y eut plus de doute possible pour lui. D’ailleurs, l’ancienne institutrice avait conservé quelques vestiges de sa beauté, malgré les flétrissures du

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