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le débutant

les huit jours précédant le bal, cet événement annoncé partout fit l’objet de toutes les conversations. Les hommes en causèrent dans leurs moments de loisirs et les femmes dépensèrent des sommes folles pour leurs toilettes. Jamais encore on avait vu pareille animation dans les magasins élégants, chez les couturières en vogue où on travaillait jour et nuit, et les recettes de la huitaine furent une véritable moisson de billets de banque.

Madame Laperle avait refusé d’assister à ce bal, malgré les supplications de son cousin Jacques Vaillant et de l’ancienne étudiante de McGill, devenue sa cousine, qui devait être la reine de la fête. Paul Mirot ne put intervenir pour user de son influence auprès de la jolie veuve, ayant résolu, après la scène pénible qui avait déterminé sa rupture avec Simone de ne plus se présenter chez-elle, sans y être appelé. À certains moments, il espérait encore ; d’autres fois, il se disait que tout était bien fini entre eux.

Autant pour échapper à l’obsession de cette pensée que c’en était fait de son amour, que par désir de contempler un spectacle unique, le jeune homme accepta l’invitation qui lui fut adressée, et décida qu’il irait seul au bal du Windsor. Il se doutait bien un peu aussi, qu’il y rencontrerait une jeune fille qui, depuis quelque temps, n’était pas tout à fait étrangère à sa pensée lorsqu’il se laissait aller à des rêves vagues de bonheur futur, cette Germaine Pistache, si jolie, au cœur ingénu, dont les yeux tendres lui avaient révélé un secret que ses lèvres n’osaient encore murmurer. Il est vrai qu’il n’avait rien fait pour provoquer un aveu.

Vers les huit heures du soir, le quatre février, Paul Mirot venait de mettre son habit et se préparait à sortir afin de passer chez le fleuriste avant de se ren-

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