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le débutant


pondre à la question qu’on lui posait. Il prit le petit tableau des mains du jeune homme, le mit bien en évidence, en pleine lumière, et lui dit :

— Ça, mon vieux, c’est deux cents dollars, si tu me trouves un amateur.

— L’amateur, c’est moi.

— Ce n’est plus la même chose. Pour toi, ça ne sera rien. Je te le donne en paiement des articles élogieux dont tu m’as bombardé dans le Flambeau et le Dimanche. Ces articles m’ont fait beaucoup de bien : ils m’ont débarrassé d’une bande de crétins qui venaient m’ennuyer chaque jour, et m’ont valu quelques commandes en plus. C’est tout de même un joli cadeau. Regarde-moi cette ligne, ce velouté, cette pose gracieuse de lassitude.

— Je voudrais bien connaître le modèle qui a posé pour cette nymphe.

— Bah ! une vulgaire pétasse aujourd’hui. Tu es en retard. Autrefois, quand elle m’a posé cette bonne femme, elle était fort gentille. Oh ! si elle avait voulu m’écouter. Mais elle a eu le malheur de rencontrer Solyme Lafarce, qui l’a entraînée dans la débauche la plus crapuleuse. Je n’ai plus voulu la recevoir, je l’ai flanquée à la porte.

— Serait-ce la belle May, de la rue Lagauchetière ?

— Tu la connais ?

— Solyme Lafarce a voulu me la faire connaître,

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