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le débutant

peut-être. Si elle l’avait trompé avec Lajoie ? Et il souffrit cruellement, durant quelques minutes il connut la jalousie. Il n’avait pas le courage d’interroger l’homme de l’escabeau. L’atmosphère qu’il respirait lui devint insupportable. Il se disposait à s’en aller, Lajoie s’en aperçut, et lui demanda :

— Où vas-tu donc, espèce de tourte… je veux dire illustre maître ?

— Je ne sais pas… J’ai des courses à faire… un tas de choses que j’avais oubliées…

— À ton aise. Reviens demain, tu verras mes anges, ils seront épatants.

Paul Mirot se rendit d’un trait rue Peel. C’était le premier vendredi du mois, la jolie veuve appartenant depuis quelque temps à la confrérie des dames de Sainte-Anne, avait communié le matin et n’était pas d’humeur à folâtrer ni à lui donner d’explications de nature à le rassurer de ses doutes, En l’apercevant elle lui dit, avec humeur :

— Ah ! je ne vous attendais pas.

— C’est ainsi que tu me reçois maintenant ?

— Vous avez été la cause de ma perte. Vous êtes l’image vivante de mon péché. Oh ! que je suis malheureuse !

Il se contint, essaya de lui faire entendre raison :

— Mais mon amie, ce n’est pas sérieux. Moi qui t’ai aimée jusqu’à vouloir t’épouser. Pourquoi n’as-tu pas voulu ?

— Les hommes sont tous des misérables ! Maintenant, c’est fini… Il faut nous séparer… Je l’ai promis à mon confesseur.

— Ton confesseur se met le nez où il n’a pas d’affaires.

— Je vous défends de parler ainsi, chez-moi. Vous attirez la malédiction du ciel sur nous deux… Il m’a

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