Page:Bessette - Le débutant, 1914.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.
le débutant

lui avait aussi ouvert, bien des portes. Les époux Pistache, un peu ridicules, avaient cependant une jeune fille charmante, leur unique enfant, que tout le monde adorait. Élevée en enfant gâtée, Germaine Pistache, à dix-huit ans, quoique un peu libre d’allures et de paroles, était tout à fait gracieuse et bonne. Elle trouva Paul Mirot beau garçon, et parce qu’elle le savait attaqué, calomnié, parce qu’on lui en avait dit beaucoup de mal, son petit, cœur s’émut et elle l’aima. Le jeune homme surprit ce tendre émoi et en fut vivement touché. Il lui fit plusieurs visites. Elle l’attirait et il en avait peur en même temps, parce qu’il n’était pas libre, parce que des liens qu’il considérait sacrés l’attachaient à une autre femme. C’est alors qu’il se surprit à songer qu’il avait peut-être fait fausse route, qu’il aurait pu fonder un foyer, se créer une famille à lui, élever de beaux enfants. Mais il chassait vite ces importuns regrets, et son cœur revenait à Simone qui, elle aussi l’avait aimé parce qu’il souffrait et était bien malheureux, tant il est vrai que tous les cœurs de femmes se ressemblent.

Jacques Vaillant et sa femme, dont la beauté faisait sensation, étaient de toutes les fêtes auxquelles Mirot assistait. Uncle Jack, venu pour ramener le jeune ménage avec lui à New-York, s’amusant beaucoup à Montréal, avait décidé de prolonger son séjour d’un mois. Il méditait d’éblouir la métropole de son faste de millionnaire yankee avant de retourner dans la patrie d’Uncle Sam. Simone avait été invitée au euchre party chez le sénateur Boissec, et en acceptant l’invitation elle eut pu briller dans tous les salons fashionables, à côté de son amie l’ancienne étudiante de McGill, mais elle refusait obstinément de sortir de chez-elle, redoutant quelque allusion indiscrète aux événements auxquels son nom avait été

217