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le débutant

pelet, et les autres en useront pour vaincre l’insomnie. Peut-être aussi que, suprême récompense de l’écrivain chaste, doux et humble de cœur, on donnera ce livre en prix dans les écoles aux élèves les plus méritants.

— Ce serait trop beau, ma modestie m’empêche d’ambitionner un pareil honneur.

Le docteur Dubreuil et le poète Beauparlant prétendirent qu’il ne fallait pas s’occuper des journaux écrits pour les ignorants, pas plus que des feuilles pudibondes rédigées par des eunuques tels que Pierre Ledoux. Le livre de Mirot s’adressait à la classe instruite, qui saurait bien l’apprécier. Le peintre Lajoie fut du même avis. Les lecteurs du Populiste et de L’Éteignoir, du reste, n’achetaient jamais de livres, et ceux de La Fleur de Lys, que des livres de messe. Le peintre, allant chercher sur sa table où il rangeait ses pinceaux et ses couleurs, les numéros de la veille de L’Éteignoir et du Populiste, les exhiba comme des objets de curiosité :

— À propos, regardez, dans ce numéro du Populiste, ce titre flamboyant sur trois colonnes : Bénédiction d’une fabrique de tomates en conserves. La chose est arrivée dans une paroisse des environs de Trois-Rivières. Et il y a le portrait du curé, du maire de la paroisse et de deux marguilliers. Ces pauvres tomates, ce qu’elles doivent être contentes ! Mais il y a mieux que cela dans L’Éteignoir, qui a découvert la fameuse panthère de Sainte-Perpétue, d’autant plus redoutable que personne ne l’a jamais vue. Hier, cet excellent journal d’information, publiait le portrait de la famille de l’homme qui a entendu rugir la panthère. Vous ne me croyez pas ? Lisez. Voilà !

La plantureuse fille du brave capitaine Marshall, que le roman de Mirot intéressait beaucoup, n’était

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