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le débutant

ses convictions, par influence indue ou cupidité. Dans les villes on remplaça les morts et les absents dont les noms étaient inscrits sur les listes, par des individus que l’on payait de deux à cinq dollars le vote. À la campagne, où ces procédés étaient par trop dangereux, les représentants des candidats connaissant tous les voteurs dans chaque bureau de votation, on employa d’autres moyens pour violer la loi. Des bulletins de vote furent subtilisés, des illettrés furent trompés au point de voter à l’encontre de leurs opinions. Au bureau de votation du village de Mamelmont, où le candidat Sarrasin ne pouvait compter sur un seul vote, on fit assermenter durant les deux heures précédant la clôture du scrutin, c’est-à-dire entre trois et cinq heures, tous ceux qui se présentèrent, de sorte que, vu la longueur des formalités à remplir, plusieurs citoyens obligés d’attendre leur tour pour voter, furent privés de leurs droits d’électeurs.

Par toute la province, les procédés les plus malhonnêtes furent employés, la corruption la plus effrénée régna au cours de ces élections générales auxquelles le parti réactionnaire était préparé de longue date, soutenu par les fédérations de sociétés religieuses et soi-disant patriotiques, y compris les Paladins de la Province de Québec, association dans laquelle on avait enrôlé une multitude de jeunes gens.

À sept heures du soir, la foule se pressait devant le bureau de télégraphe de la petite gare du village de Saint-Innocent, et devant le bureau de téléphone situé à quelques pas de la gare, pour apprendre le résultat des élections. Les messages télégraphiques et téléphoniques étaient apportés au comité de l’honorable Vaillant aussitôt qu’ils arrivaient. C’était Paul Mirot qui recevait ces messages et les communiquait ensuite

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