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le débutant

comté de Bellemarie, les divisions Saint-Jean-Baptiste et Sainte-Cunégonde. Ce vaillant petit journal qui avait soutenu habilement la lutte, sous la direction de Jacques Vaillant et de Modeste Leblanc, contre les journaux hostiles aux candidats réformistes, résumait la politique proclamée par ces hommes de progrès et réduisait à néant les accusations portées contre eux par leurs adversaires.

Ce journal fut dénoncé par les réactionnaires, aux portes des églises, et des exemplaires du Dimanche furent déchirés par centaines et traînés dans la boue, sous les pieds de ceux qui voulaient passer pour être plus fervents que les autres.

Tous ceux qui ont pris une part active aux élections savent que durant la nuit précédant le scrutin les cabaleurs sont sur pieds et que c’est souvent cette nuit-là que se décide le sort des candidats. On va de maison en maison réveiller les électeurs susceptibles d’être influencés par des promesses, de l’argent ou quelque bonne bouteille. Il y en a qui se vendent et se revendent deux ou trois fois entre minuit et cinq heures du matin. Pour éviter, autant que possible, les poursuites en invalidation, on emploie toutes sortes de moyens détournés de corruption. À la campagne, on achète, par exemple, des œufs à cinq dollars la douzaine, un coq se paye dix dollars et un cochon maigre vingt-cinq dollars. À la ville, on achète autre chose : il y a des femmes si coquettes et des hommes qui ont toujours quelque bibelot à vendre, quelque pièce à louer.

Le lundi, dix-huit septembre, dès neuf heures du matin, tous les bureaux de votation furent assiégés d’électeurs anxieux de jeter le plus tôt possible, dans l’urne électorale, le bulletin marqué d’une croix en faveur du candidat choisi par chacun d’eux, selon

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