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le débutant

réactionnaires, et surtout Les Paladins de la Province de Québec, prenant une part active dans cette élection, s’étaient emparés de la chose et, par ce moyen, faisaient une lâche cabale en faveur de leur vénérable ami le notaire Pardevant, payant des messes dans toutes les églises pour le succès de sa candidature.

Paul Mirot se douta tout de suite, en apercevant Lafarce dans la foule, qu’il n’était pas venu pour rien à Saint-Innocent. Il lui fallait à tout prix un compte-rendu sensationnel de l’assemblée de l’après-midi. Les événements, qu’il aida autant qu’il put, le servirent à souhait.

Après la proclamation des candidats mis en nomination par l’officier-rapporteur, à deux heures précises, l’assemblée commença. L’honorable Vaillant, d’après les conventions acceptées de part et d’autre, devait parler le premier, ce jour-là. La noblesse, de son maintien, sa parole sincère et éloquente en imposèrent quand même à la foule qui lui était en majorité hostile. Quand il se retira après avoir annoncé qu’il se réservait le privilège de répondre aux attaques de ses adversaires lorsqu’il les aurait entendus, des applaudissements assez nombreux soulignèrent ses dernières paroles.

L’honorable conseiller législatif, comme d’habitude, pontifia et rappela les enseignements de l’Église, les encycliques du Souverain Pontife sur les idées modernes. Il noircit autant qu’il put le caractère de Vaillant et lui attribua des projets diaboliques. C’était un socialiste, sinon un anarchiste, n’osant encore montrer ses couleurs. Ce qu’il ne disait pas, cet homme le pensait. Gare aux électeurs s’ils ne voulaient subir le joug du protestantisme et de l’Angleterre. Et le bon apôtre, qui ricanait, dans les poils rares de sa

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