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le débutant

bles absurdités ailleurs qu’à la campagne où ces propos en l’air se perdent dans le vent qui passe. Si l’Anglais nous porte ombrage, il n’y a qu’un moyen de lutter d’égal à égal avec lui, quelle que soit la condition sociale dans laquelle nous sommes placés : une éducation plus pratique et plus conforme aux besoins de notre époque. C’est le but vers lequel tendent ceux qui demandent des réformes scolaires. Il faut que le contrôle de l’éducation soit placé entre les mains de personnes responsables au peuple et parfaitement au courant de la situation économique du pays. Il faut séparer l’instruction religieuse de l’instruction proprement dite, c’est-à-dire, de cette instruction non seulement nécessaire à l’homme pour gagner son pain quotidien, mais en même temps indispensable à une race qui — surtout dans un pays comme le nôtre — vit à côté d’autres races, pour conserver son prestige et aspirer aux destinées auxquelles elle a droit. La religion, quand on n’y mêle pas de politique, a un tout autre but, un but essentiellement spirituel : celui d’élever les âmes vers la Divinité pour la conquête d’un royaume qui n’est pas de ce monde. Qu’on enseigne le catéchisme, très bien ! Que l’on consacre quelques heures à de pieuses lectures ou à la prière, personne n’y voit d’inconvénients. Mais si l’enfant n’apprend que le catéchisme et si l’homme ne sait que prier, sans armes et sans ressources pour les luttes de l’existence, il deviendra une proie facile de la misère et l’esclave de ceux qui, mieux avisés, ont compris que Dieu a donné à la créature humaine l’intelligence et la raison pour qu’elle en fit usage en pénétrant les secrets de la nature et en jouissant des biens de la terre. Laissons à chacun sa liberté de croyance et contentons-nous d’être des hommes honnêtes et sincères, ne cherchant que le bien et la justice, non pour

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