dis des caravelles et des drapeaux fleurdelisés.
Quand l’orateur se tut, les bonnes gens de Mamelmont lui firent une ovation. Tous ne demandaient qu’à s’armer comme il le leur avait dit. L’oncle Batèche était fier de son neveu. Il le félicita à sa manière, en lui disant : C’est ben envoyé. La tante Zoé ne dit rien, parce qu’elle ne savait pas quoi dire. Quant à Simone, elle pressa tendrement la main de Paul, faute de mieux.
Le reste de la journée se passa en amusements
variés, il y eut des courses pour jeunes filles, pour
garçons, pour hommes et femmes mariés, puis une
course au cochon graissé. Ce fut le vieux Dumas,
le père du petit
Dumas que Paul Mirot
avait connu à l’école,
qui terrassa l’animal enduit
de suif, appartenant
au vainqueur comme
prix de la course. Le
pauvre homme était radieux
et toute sa vieille face ridée s’éclairait en pensant
que cela lui ferait du boudin et de la saucisse
pour les fêtes de Noël et du Jour de l’An. Depuis que
son fils l’avait quitté, sans le prévenir de son départ
ni lui dire où il allait, le vieillard travaillait à la journée chez les cultivateurs et gagnait misérablement
sa vie. Tout le monde était content qu’il eut
attrapé le cochon. Après les courses, on se réunit par
groupes pour causer de choses et d’autres et chanter
des vieilles chansons françaises et canadiennes : La belle Françoise qui veut s’y marier, À la claire fontaine, Sur le pont d’Avignon, Fanfan La Tulipe, Ô Canada, terre de nos aïeux.