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ces héros et de ces martyrs, chacun devrait l’imiter dans l’effort de chaque jour pour améliorer son sort et celui de ses semblables, acquérir plus de connaissances utiles, créer plus de bonheur autour de soi.

Le ton de ce discours était peut-être un peu trop élevé pour ces braves gens, qui ne voyaient pas si haut ni si loin. Mais Simone l’encouragea de son regard approbateur.

Il dénonça les petits saints et les faux patriotes se proclamant les seuls défenseurs des droits des canadiens-français et de leur religion, afin d’exploiter la crédulité populaire à leur profit, tout en commettant sans danger les pires injustices. Pour échapper au triste sort que ces faux patriotes nous préparent, dit-il, l’on doit renoncer à l’isolement dans lequel on essaie de nous maintenir, fermer l’oreille aux discours flagorneurs de Saint-Jean-Baptiste, nous proclamant chaque année, au mois de juin, les seuls êtres bons, honnêtes, courageux, intelligents et instruits qui existent au monde. On ne s’y prendrait pas autrement pour suborner une coquette imbécile et jolie. Les hommes sérieux ne doivent pas se laisser aveugler par ces louanges mensongères. Il faut avoir le courage de regarder la réalité en face. Nous occupons une situation inférieure en ce pays et par notre faute : parce que l’on ne fait pas la part assez large à l’enseignement pratique ; parce que nous avons peur de raisonner et de marcher avec le siècle ; parce qu’on nous a trop longtemps habitués à vivre dans la contemplation du passé, au lieu de tourner nos regards vers l’avenir. L’Intégral, un journal rétrograde qui en est encore à ressasser les idées du moyen-âge, n’a-t-il pas eu la sottise d’écrire que l’aviation était un crime contre Dieu, parce que si le Créateur avait voulu que l’homme s’élevât dans les airs, il lui eut fait pous-

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