Trois semaines plus tard, Jacques Vaillant, journaliste, épousait Miss Flora Marshall, étudiante, non sans avoir obtenu le consentement d’Uncle Jack, d’une part, et de l’honorable Vaillant, d’autre part. La gentille épousée avait placé sur sa poitrine, pour la circonstance, la décoration qu’elle tenait du maire Flannigan. Dans la chambre nuptiale, le soir, elle enleva cette médaille qu’elle enferma dans un coffret d’argent. Elle ne voulait pas que cet emblème de vaillance pût lui inspirer des velléités de révolte, car elle désirait être vaincue maintenant.
L’ancien ministre des Terres était presque aussi enchanté de sa belle-fille que son fils de sa femme. L’américaine, annexée maintenant de la plus agréable façon du monde, le payait de retour, du reste, car elle admirait sincèrement, avec toute la franchise de son âme yankee, cette intelligente figure d’apôtre de la liberté, dont la mâle énergie se rehaussait d’une grande bonté de cœur et d’une exquise délicatesse de manières et de sentiments.
Tous les jours la jeune femme venait passer quelques heures au Flambeau et quand son beau-père était là, elle causait politique avec lui. Souvent, ils discutaient amicalement ensemble des avantages et des inconvénients des institutions américaines, des qualités et des défauts de ce peuple actif, entreprenant et hardi, en train d’étendre son influence dans l’univers entier. Le député de Bellemarie admettait que le véritable esprit américain tendait de plus en plus à la réalisation de cet idéal de fraternité rêvé par les philosophes humanitaires, en accueillant dans la nation, sur le même pied d’égalité, les individus de toutes les races et de toutes les croyances, les unifiant pour ainsi dire, à l’ombre du drapeau étoilé, dans le commerce de la vie journalière et à l’école publique,