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ans à peine, subissait le prestige de sa tête grisonnante.

Dans les milieux réactionnaires, Le Flambeau fut aussitôt dénoncé avec violence. Tous ceux qui n’avaient pas la conscience nette, tous les trafiquants de vertu, toutes les nullités se prélassant dans des sinécures ou sollicitant les faveurs des puissants, se liguèrent contre le mauvais journal. L’Éteignoir et le Populiste se disputèrent l’honneur de porter les plus rudes coups à l’audacieux confrère. Pierre Ledoux quitta le Populiste pour fonder une petite feuille en opposition à l’organe du député de Bellemarie, qu’il appela La Fleur de Lys, à cause de ses idées bourbonniennes. Il fut remplacé, au Populiste, par Solyme Lafarce, en mauvaise intelligence depuis quelques mois, avec l’Éteignoir. Et ce ne fut pas plus malin que cela.

La lutte s’engagea à propos d’une campagne entreprise dans les journaux contre le Théâtre Moderne, qui avait mis à l’affiche une pièce jugée mauvaise par les censeurs. Ce n’était du reste qu’un prétexte, car depuis des mois on faisait une propagande secrète contre ce théâtre, dans les familles. Ce que l’on redoutait dans les pièces données par ce théâtre, c’était l’esprit, et, davantage encore, l’idée humanitaire montrant les abus, proclamant les droits égaux des individualités, obscures ou puissantes, aux joies de la vie, en vertu du grand principe de solidarité humaine. La direction du Théâtre Moderne essayait de faire bonne contenance, mais la recette diminuant chaque soir, on prévoyait d’avance qu’il faudrait abandonner la partie. Le Flambeau, sans hésiter, prit la défense de ce théâtre. Paul Mirot, qui rédigeait la chronique théâtrale, représenta à ses lecteurs tout le bien que pouvait faire un théâtre de ce genre parmi la popu-

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