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le débutant

jeter dans la boue un de ses compagnons, enfant chétif et déguenillé, parce qu’il refusait de porter son sac, au retour, après la classe. Paul Mirot prit la défense de l’opprimé et fut battu. Le lendemain, le vaincu de la veille arriva à l’école tenant un bâton dont le bout était armé d’une pointe de fer menaçante. Comme il s’y attendait, tous ses camarades se moquèrent, de lui, et le petit Dumas, voulant prouver une seconde fois sa vaillance, s’avança, arrogant, pour lui arracher son bâton.

Paul lui dit :

— Si tu approches, je pique !

Le groupe qui entourait les deux adversaires cria en chœur :

Poigne-lé !… Poigne-lé !…

Mais Paul évita l’élan de son ennemi, fit, un bond de côté et lui planta la pointe de fer dans le fessier. Ce dernier poussa un cri de douleur et se sauva à toutes jambes. Aussitôt, revirement complet, et les spectateurs de crier :

Pique !… Pique !…

Paul Mirot, en souvenir de son exploit, fut surnommé Pique, par tous les gamins de l’école.

Le petit Dumas, comme tous les tyrans, était lâche au fond. La crainte de nouvelles piqûres lui fit, changer complètement d’attitude envers son ennemi, dont il s’efforça de calmer le ressentiment. Il commença par se montrer complaisant, empressé, puis servile auprès de lui. C’est ainsi qu’un jour, croyant l’amuser, il lui montra au-dessous d’une armoire fixée à la cloison séparant la salle d’études de l’appartement de l’institutrice, un nœud qu’il enlevait pour observer par le trou tout ce qui se passait dans la pièce à côté. Il ne put lui expliquer ce qu’il avait vu par là, quand l’institutrice abandonnait sa classe pour aller y re-

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