Des saisons à mes yeux vient d’ouvrir la plus belle,
Le chêne s’est éteint dans nos foyers déserts,
Et des arbres déjà tous les sommets sont verts ;
Les troupeaux, librement épars dans les campagnes,
Broutent le serpolet au penchant des montagnes ;
Les oiseaux, dans les bois, par couples réunis,
Suspendent aux rameaux la mousse de leurs nids.
J’entends le rossignol, caché sous le feuillage,
Rouler les doux fredons de son tendre ramage ;
Les champs d’herbes couverts, les prés semés de fleurs,
De leurs riants tapis font briller les couleurs.
Le lilas flatte plus les regards de l’aurore
Que les rubis de l’Inde et les perles du Maure ;
Et les zéphirs légers, voltigeant sur le thym,
Nous rapportent le soir les parfums du matin.
Ces vastes océans sont comme les sources de tous les fleuves, comme le bassin où la nature puise sans cesse pour arroser l’univers… Il existe entre la faible plante et l’Océan, une correspondance invisible ; la vie de l’une est attachée à l’existence de l’autre : n’importe la distance qui les sépare, la nature sait la franchir. De ce vaste gouffre placé entre les deux mondes, sortent les éléments des gazons, des fruits et des fleurs : l’onde se change en vin dans la grappe parfumée ; on la savoure dans la pêche, l’orange, l’ananas ; elle se teint en bleu dans la violette, dore le souci ; argente le lis, colore en pourpre l’œillet, et verdit le feuillage. Ô sagesse admirable ! l’immensité seule du bassin des mers peut nous rassurer sur l’existence des races futures.
No VII.
DES SUBSTANTIFS COMMUNS ET DES SUBSTANTIFS PROPRES.
Poursuit de ses travaux la tâche commencée ;
Et, parmi les gazons roulant d’énormes grains,
Pour l’hiver paresseux remplit ses magasins.
Et le Gange, et l’Hermus qui roule un limon d’or,
Et les riches parfums que l’Arabie exhale,
À l’antique Ausonie ont-ils rien qui s’égale ?
Tous les objets de la nature, les fleuves par exemple, les villes ou les hommes, ont un ensemble de qualités communes qui en font une collection d’êtres ou d’objets de même nature ; par conséquent, la même dénomination leur est applicable. Les substantifs fleuve, ville, homme, conviennent à chacun d’eux, et sont employés à toutes les fois qu’on veut les désigner par l’idée de la nature qui leur est commune.
Mais si l’on veut distinguer un fleuve des autres fleuves, une ville des autres villes, un l’homme des autres hommes, il faut nécessairement les distinguer par une dénomination qui leur soit propre, particulière.
De là deux espèces de substantifs : ceux qui conviennent à une classe d’individus, et ceux qui servent à distinguer un objet de ceux qui ont la même nature.
Les substantifs de la première espèce sont appelés communs, ceux de la seconde espèce sont appelés substantifs propres.
Ainsi cerise, rameaux, génisse, lait, suc, plantes, arbres, jardins, ornement, homme, laine, brebis, pas, fourmis, cohorte, travaux, tâche, gazon, grains, hiver, magasins, etc,