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24. Berzelius à Berthollet.
[Septembre (?) 1814.]

M. le Comte,

Vous m’accuserez à juste titre d’ingratitude d’avoir si longtemps tardé à répondre à votre obligeante lettre du 16 juin, ainsi qu’à vous faire mes sincères remercîments de l’envoi des journaux. Mais la cause de cette négligeance apparente est que j’ai passé la plus grande partie de l’été à Fahlun chez mon respectable confrère Gahn. Ce n’est qu’à mon retour, il y a quelques jours72, que j’ai eu l’honneur de recevoir votre lettre avec le paquet des journaux.

Vous m’indiquez dans votre lettre que vous avez eu la bonté de m’envoyer aussi un flacon contenant un peu d’iode. Ce flacon a probablement été perdu pendant le chemin, ou me parviendra peut-être avec quelqu’un de la légation suédoise, laquelle à ce que l’on dit, doit être de retour en Suède ces jours-ci. Je souhaite bien vivement de connaître cette fameuse substance.

J’ai été bien surpris de voir qu’on la considère comme une preuve de [plus] en faveur de la théorie de Davy, sur la nature de l’acide muriatique. Il paraît que cette théorie s’est bien enracinée même parmi les chimistes qui s’occupent de la philosophie chimique. Cependant le premier de ces chimistes, hors Davy, qui s’occupa d’écrire un système de nos connaissances chimiques, trouvera sans difficulté combien ces vues théoriques sont difformes et mal concordantes avec la théorie chimique en général. Il paraît que l’on veut comparer l’iode à une substance métallique à cause de son aspect extérieur, on pourrait tout de même le comparer à l’oxyde noir cristallisé de manganèse, aux cristaux du suroxyde d’argent qui se forment sur l’argent au + pôle de la pile électrique etc. — Est-ce que la vieille théorie de la composition du gaz oxymuriatique perd de vraisemblance par la découverte de corps — qui lui sont analogues ?