Page:Bertrand de Molleville - Histoire de la Révolution de France pendant les dernières années du règne de Louis XVI, tome III, 1802.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Avril 1790
77
De la Révolution

presque tous les décrets qui ont produit les principales catastrophes de la révolution ; tant il est vrai que cet ouragan politique, né du déchaînement de toutes les passions, et même de l’amour du bien, s’est emparé, s’est renforcé de tous leurs mouvemens divergens ou non, et les a tous violemment associés à ses dévastations.

À cette même époque, on vit éclater à Lille une insurrection d’autant plus remarquable, qu’elle mettoit à découvert le plan formé pour la désorganisation de l’armée, et les moyens employés, pour cet effet, dans toutes les garnisons du royaume. Les quatre régimens qui composoient celle de Lille (la Couronne, Royal-des-Vaisseaux, Colonel-Général et les chasseurs de Normandie), vivoient dans la plus parfaite intelligence entr’eux et avec les habitans, et étoient restés soumis à leurs officiers. L’arrivée de quelques agens révolutionnaires, et notamment du mulâtre Saint-Georges, attaché au duc d’Orléans, troubla bientôt cette heureuse harmonie. Un duel dans lequel un soldat du régiment de la Couronne fut tué loyalement par un chasseur de Normandie fut représenté aux camarades du premier comme un assassinat dont ils dévoient tirer vengeance. Le régiment Royal-des-Vaisseaux prit parti pour celui de la Couronne, et celui de Colonel-Général pour les chasseurs de Normandie. Le 7 août étant le jour fixé pour vider cette querelle, plusieurs