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ment dits se rattachaient par une soudure visible au reste de la bâtisse assez irrégulière en son plan.

Un esclave ouvrit la porte principale, qui donnait accès dans le vestibule des bains. À droite, une tenture relevée permettait d’apercevoir, à travers une large baie, une salle en hémicycle, aux murs nus, au sol entièrement recouvert de sable :

« C’est la palestre ! » dit Cécilius avec une certaine complaisance.

En effet, des boules écailleuses, des ballons, comme ceux dont se servent les enfants, étaient éparpillés par terre : « Qui peut bien jouer ici ? » se demanda Cyprien en passant. Mais une foule de curiosités se disputaient son attention. Les pavements resplendissaient sous ses pas, les murs sonores lui renvoyaient l’écho amplifié de ses paroles. Son ami le guidait à travers des salles en enfilade, séparées les unes des autres par des arcatures à colonnes et à pilastres, et éclairées d’en haut par les ouvertures des coupoles peintes à fresque. Sur un des côtés de l’atrium se creusait une grande abside, ayant au milieu un bassin d’eau froide, où l’on descendait par des degrés. Autour du bassin, une piscine semi-circulaire s’arrondissait le long du mur de l’abside environné d’un portique et tapissé d’arbrisseaux et de plantes vivaces. Ce qui étonnait surtout, c’était la profusion des marbres, l’éclat des mosaïques. Dans cette Numidie riche en minéraux précieux, un tel luxe semblait à peine possible. Cécilius disait à son ami :

« Vois-tu, mon père avait la folie de bâtir, une manie d’ostentation, un besoin d’éblouir ses compatriotes… Regarde ces onyx, ces porphyres, ces quartz cristallins et translucides encastrés dans les coupoles. Il a épuisé les carrières de la région, celle du Filfila près de Rusicade, celles de Simitthu. La Maurétanie elle-même lui a fourni. On peut dire que toute l’Afrique a travaillé pour le plaisir de ses yeux. »

Il n’exagérait point. Les murs disparaissaient sous des