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III

CYPRIEN AU CHAMP DE SEXTIUS

Aiguillonné par la crainte de ne plus trouver Cyprien vivant, Cécilius, forçant les étapes, avait parcouru en quatre jours et une nuit le trajet de Cirta à Carthage. Trophime l’accompagnait. Ils étaient partis à cheval pour aller plus vite. Les esclaves, envoyés en avant par l’écuyer, les attendaient, avec des montures fraîches, aux relais importants du parcours.

Il était environ la neuvième heure lorsqu’ils arrivèrent en vue de l’aqueduc monumental qui amenait l’eau du Zaghouan jusqu’à la péninsule carthaginoise. À cette époque de l’année, vers les ides de septembre, le soleil commence tôt à décliner. Afin de profiter du jour finissant, car on risquait de s’égarer dans le dédale des petits chemins qui sillonnaient la banlieue, Cécilius décida qu’on éviterait d’entrer en ville. Par une traverse qui rejoignait la route d’Utique, on irait directement à la villa des Jardins où Cyprien devait se trouver encore.

Ils eurent beaucoup de peine à la découvrir, le quartier ayant été complètement bouleversé depuis le temps que Cécilius n’était revenu à Carthage. Comme ils appréhendaient les pires événements, ils ne furent pas trop étonnés lorsqu’ils constatèrent que la maison et les alentours étaient gardés militairement. En vain les voyageurs essayèrent-ils d’interroger les soldats de police qui discrètement faisaient le guet autour du jardin, ceux-ci se