leurs rayons les plats incrustés d’émaux des reliures précieuses. Le maître occupait un lourd escabeau aux applications de bronze. Un pupitre posé en travers de ses genoux, il écrivait une lettre sur une feuille de parchemin. A ses côtés, dans des coffrets en bois de cèdre, gisait tout un amoncellement de volumes sortis de leurs gaines de soie rouge et dont les ombilics étaient peints de couleurs éclatantes.
Cécilius, attirant à lui la jeune fille, l’embrassa avec effusion. Mais elle s’arracha à son étreinte, refusa de s’asseoir sur le siège qu’il lui désignait, et, la gorge palpitante, soulevée par une émotion dont tout son corps tremblait, elle éclata immédiatement en paroles violentes et saccadées :
« Je dois t’avertir ! dit-elle… Déjà Thadir m’avait révélé quelque chose de tes projets sur moi… Mais jamais le fils de ton voisin, ce Marcus, ne s’était permis de me manifester ses sentiments. Il vient de le faire, sans doute de connivence avec toi… Eh bien ! sache-le, car je te le dis une fois pour toutes : je n’aurai d’autre époux que Fabius Victor, l’option de la IIIe Auguste… celui qui m’a délivrée !… »
Victor ! À ce nom, Cécilius sursauta. C’était si loin de sa pensée ! Que ce soldat sorti des derniers rangs de la plèbe pût un jour pénétrer dans sa famille, une telle idée ne lui serait jamais venue. Il avait déjà oublié le jeune lieutenant, qui, pour lui, était une tête perdue dans la foule. Il se leva précipitamment et, prenant entre ses mains celles de Birzil, avec douceur, comme on fait à une malade :
« Ma pauvre enfant, ton esprit divague encore ! Tu n’es pas remise de tes fatigues et de tes émotions !… » Et, haussant les épaules :
« Épouser Victor !…
– Pourquoi pas ? répliqua Birzil, la lèvre frémissante… Nous sommes déjà fiancés !
– Tu veux rire ?… Toi fiancée au fils d’un centurion ! »