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tout fouillé, les tentes, le douar, jusqu’au vestiaire de la Piscine ! Nous n’avons trouvé personne… Malédiction ! c’est à recommencer !… Heureusement qu’on doit retenir à Lambèse ce scélérat de Sidifann ! »

Cécilius n’écoutait plus les clameurs courroucées de l’option. Dès les premiers mots, il s’était abattu, le visage contre la selle, et il sanglotait sous son manteau.

« Ne te chagrine pas, frère ! lui dit doucement Victor… Nous finirons bien par te la retrouver ! Et puis le Christ te la rendra !… »

Brusquement, Cécilius releva la tête, et, dévisageant le soldat avec une pitié méprisante, il haussa les épaules :

« Le Christ ? Et dire qu’il y a des gens qui meurent pour ce fantôme ! Quelle aberration ! Cyprien est un fou !… »

Plus rien n’existait pour lui, plus rien ne le rattachait au monde ; tout lui semblait vide comme les vastes espaces désolés qui s’étendaient à perte de vue sous son regard.

Mais un espoir acharné, plus fort que le destin, le remit debout subitement.

« Partons ! dit-il à Victor. Retournons à Lambèse. Il faut qu’on arrache son secret à ce misérable !… »