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malgré sa blessure, débordant de jactance et d’audace juvéniles. Lui-même reconnut tout de suite Cécilius :

« Tu vois, dit-il, illustrissime seigneur, les Barbares ont failli me couper un bras !… J’ai encore un peu de fièvre. Mais ce cher Esculape, qui se prodigue à mon chevet, assure que je serai bientôt guéri… »

Le médecin, très grave et économe de ses paroles comme un oracle, releva les larges manches de sa robe, qui étaient tombées sur ses mains, et il déclara effectivement que la blessure, d’ailleurs légère, était cicatrisée. Puis, ayant mis sous son bras sa boîte de pansement, il salua et sortit avec le centurion.

« C’est un Grec très savant ! dit Victor. Il a étudié au Muséum d’Alexandrie. Il m’a fort bien soigné. Aussi, dans quelques jours, je vais être sur pied et je pourrai repartir en campagne !… Quelle délivrance ! Moi, le camp m’est odieux ! La guerre, c’est la liberté !… »

Il fallut interrompre les fanfaronnades du lieutenant tout fier de son nouveau grade et grisé par son premier combat. Cécilius eut beaucoup de peine à l’interroger. Sans cesse, il retournait au récit de ses exploits. En tout cas, il ignorait ce qu’étaient devenus Birzil et ses serviteurs.

« Tout ce que je sais, dit-il, c’est que nous serrions de près une bande de cavaliers maures grossie de quelques Nomades, lorsque des renforts les ont rejoints. Nous avons dû tourner bride, en laissant quelques-uns des nôtres sur le terrain… Mais, dans notre retraite, entre Mésar-Filia et les Bains d’Hercule, nous avons pris un groupe de fuyards et, parmi eux, un individu suspect, un marchand d’esclaves, qui se dit cabaretier à Thuburnica. Celui-là doit savoir ! Il a dû revendre des captifs à des chefs du Sud !…

– Et il est ici ? fit Cécilius.

– Il est en prison. On doit le mettre à la torture, si ce n’est déjà fait… Comme cela, on saura, peut-être sait-on déjà, quelque chose… Alors, puisque tu es l’ami de Cy-