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« Sache qu’on n’échappe pas à la vindicte du peuple romain et que les Augustes Empereurs ne laissent jamais une injure impunie ! »


Dans la cour intérieure du prétoire, Cécilius se croisa avec Julius Martialis, qui avait été convoqué, en effet, et qui attendait son tour d’audience. Tout en le saluant, il lui murmura à l’oreille :

« Je t’en supplie, ami très cher, plaide pour Birzil ! »

Le vieillard agita ses bras d’un air mystérieux, et, traînant sa jambe goutteuse, il disparut derrière la tapisserie.

Cependant, comme un centurion primipilaire, tout bruissant de plaques et de médailles, s’avançait vers lui, Cécilius lui demanda à voir le lieutenant qui avait été blessé dans l’engagement contre les Maures et qui, peut-être, pourrait l’aider à retrouver les traces de la captive :

« Il est soigné à l’hôpital, dit le centurion. Mais, puisque le général t’y autorise, je vais te conduire auprès de lui. »

L’hôpital militaire était une annexe des thermes, qui se trouvaient au fond d’une grande place dallée, derrière le prétoire et dont il occupait toute une aile. Au rez-de-chaussée, dans des boutiques bordant la cour intérieure, des pharmacopoles étaient installés avec tous les ustensiles de leur négoce. L’oculiste de la légion y avait aussi son laboratoire. En passant, Cécilius aperçut le bonhomme en train de boucher ses fioles de collyres et de les étiqueter à l’aide d’un poinçon.

Au premier étage, le centurion l’introduisit dans une petite chambre, véritable cellule toute garnie de nattes, et où il n’y avait qu’un seul lit de sangles. Debout près du lit, un médecin à grande barbe et à longue robe brune tâtait le pouls du malade. Quelle ne fut pas la surprise de Cécilius, lorsqu’il reconnut dans le jeune blessé le soldat qui, à Sigus, l’avait chargé de ses salutations pour Cyprien. C’était Victor, en effet, toujours aussi pétulant,