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fait d’ailleurs l’évêque lui-même, s’il eût été présent… Il conclut :

« Malheureusement, je ne suis pas plus le maître dans cette maison que je ne suis écouté dans l’église… Voilà tout ce que j’avais à dire à Ta Clémence !

– Cependant, reprit rudement le légat, tu passes pour un des porte-étendards de cette secte maudite ! »

Cécilius éluda une réponse directe et il se borna à alléguer ce que disaient toujours les chrétiens en pareil cas : « Il était fidèle aux empereurs. Il priait pour leur santé et pour le succès de leurs armes. Nul enfin n’était plus attaché que lui à la paix et à la concorde… Et, se rappelant que Martialis était là, qu’il allait être entendu sans doute après lui, il affirma :

« Tu peux interroger à ce sujet nos magistrats : ils te diront que personne ne s’est plus employé que moi à sauvegarder l’ordre dans notre colonie !… »

Ces protestations répétées de loyalisme produisirent leur effet. Voyant le légat mieux disposé, il risqua sa supplique en faveur de Birzil. Les Maures lui avaient enlevé sa fille adoptive. Il conjurait Macrinius de prendre toutes les mesures afin d’obliger ces bandits à restituer leur proie.

« Peux-tu penser, dit superbement le légat, que j’aie attendu ta prière pour m’occuper des captifs ? Nous allons envoyer dans le Sud une véritable expédition contre les rebelles. Mais, sitôt leur agression connue, j’avais lancé à leur poursuite une turme de cavaliers auxiliaires. Le jeune option qui la commandait est revenu blessé de ce premier engagement. Interroge-le en mon nom. Il t’expliquera ce que tu veux savoir. »

D’un geste, le propréteur impérial pour la province de Numidie signifia à Cécilius qu’il lui donnait congé. Comme l’huissier relevait devant celui-ci la tenture qui masquait la porte du secretarium, Macrinius prononça de sa voix officielle, sur un ton plein de menaces et d’allusions ambiguës :