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TROISIÈME PARTIE

I

LE CHANT DU COQ

Birzil à Cécilius, salut.

« Notre Zéphyr, ô Cécilius, te remettra cette lettre, écrite aussitôt que je l’ai pu, afin de tranquilliser ton esprit toujours prompt à s’alarmer pour ta Birzil. Cesse de te tourmenter. J’ai fait un très bon voyage. A peine t’avais-je laissé sur la route de Sigus, que nous nous sommes arrêtés au bord du lac Royal, non loin de la sépulture de tes ancêtres, illustre descendant des rois numides, et j’ai goûté là avec mes femmes, en regardant les cigognes pêcher des grenouilles dans les trous d’eau. Nous avons beaucoup ri. Le soir, nous couchâmes à Lambiridi, petite ville au nom plaisant, mais à l’aspect maussade, où je n’ai rien vu de curieux qu’une assez belle porte triomphale. Puis, ayant repris la route, nous fîmes un maigre repas à la basilique de Diadumène, et, pendant des heures, nous cheminâmes à travers des montagnes farouches, sans nul encombre, sauf qu’une roue de notre voiture se détacha de l’essieu, entre la ferme de Symmaque et l’auberge des Deux-Rivières. Cet accident fut promptement réparé par un de nos esclaves, habile for-