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ET SES TRAVAUX

ries, voulurent représenter sur leur théâtre les conséquences comiques d’une idée aussi extraordinaire ; cette farce n’a pas été conservée. Il faut croire qu’elle était plus grossière que gaie, car, après quelques jours de succès, elle fut sifflée. Peut-être a-t-on attaché trop d’importance à d’innocentes railleries, qui ne paraissent pas avoir été jusqu’à l’insulte et qui sont loin de mériter l’indignation. Les comédiens, persuadés par la fausse évidence qui leur montrait la terre immobile, s’étonnaient d’un prétendu mouvement dont on ne voit ni n’éprouve aucune marque sensible, et la croyance à ce paradoxe, que semblaient désavouer tous les sens, leur parut une extravagance propre à figurer dans une scène comique. Ils étaient dans leur rôle et dans leur droit, car le théâtre n’est pas une école de physique. « Tu me railles, écrivait Kepler à un de ses contradicteurs ; soit, rions ensemble. » Copernic n’était pas rieur de sa nature, et vraisemblablement il n’aimait pas la raillerie ; mais il savait la souffrir et ne s’irrita nullement