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ISAAC NEWTON

d’autres ont affirmé qu’absorbé dans ses grandes pensées, il n’avait jamais connu l’amour ; les deux traditions peuvent se concilier : si la lettre à lady Norris peut être, à la rigueur, une demande en mariage, elle n’est certes pas une lettre d’amour.

Newton, on le voit par sa lettre à lady Norris, entendait assez mal le rôle de consolateur. Il était cependant compatissant par nature, et sa main s’ouvrait facilement pour assister les malheureux. Redoutant par-dessus tout les importuns, il aimait sans doute à s’en débarrasser plus vite en les renvoyant satisfaits ; mais sa bienveillance n’attendait pas toujours qu’on la sollicitât, et longtemps avant même qu’il ne fût devenu riche, on le vit subvenir aux besoins d’une famille entière subitement tombée dans le malheur. S’effrayant à la seule idée d’une discussion, il affectait une inaltérable patience, et les contradictions semblaient le laisser impassible. Il ne les oubliait, cependant, ni ne les pardonnait ; et son orgueil, timidement craintif, avait parfois de singuliers réveils. En 1721, cinq