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ISAAC NEWTON

n’avoir pas assez remarquée, montre qu’en 1674 Newton les ignorait encore et d’une façon absolue. À l’occasion de l’envoi d’un ouvrage publié par un auteur nommé Anderson, il écrit à Colin : « Je vous remercie de votre précieux cadeau ; le livre de M. Anderson est très-curieux et deviendra bientôt utile, si les principes qu’il suppose sont vrais ; mais j’ai des doutes sur quelques-uns d’entre eux, et en particulier sur le mouvement parabolique du boulet. Il en serait ainsi si la vitesse horizontale du boulet était constante ; mais je pense que cette vitesse diminue au contraire rapidement, etc. » Celui qui parle ainsi ignore et méconnaît évidemment le principe de l’inertie, car la suite de la lettre montre très-clairement que Newton néglige la résistance de l’air. Or cette vérité, qui nous semble si constante que nous l’avançons aujourd’hui sans alléguer de preuves, est le fondement de toute la mécanique. Newton, dans le livre des Principes, en a fait depuis un continuel usage, et le doute qu’il exprime à Colin aurait ébranlé tout son édi-