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ISAAC NEWTON

détacher de l’arbre qui la portait et tomber à terre à ses pieds. Cet incident banal conduisant ses pensées dans la voie qui leur était si familière ; il se demanda la cause, à jamais cachée sans doute, de la puissance mystérieuse qui précipite tous les tous les corps vers le centre de notre terre. Mais cette force, quelle qu’en soit la nature, a-t-elle des limites ? Elle agit sur les plus hautes montagnes, s’exercerait-elle à une hauteur dix, cent, mille fois plus grande ? S’étend-elle jusqu’à la lune ? Telle est la question qu’un penseur moins pénétrant aurait facilement pu se poser pour y répondre aussitôt avec une certitude apparente, que la lune n’étant pas soutenue, si elle pesait vers la terre, rien ne l’empêcherait d’y tomber, et que par conséquent notre sphère d’action ne s’étend pas jusqu’à elle. Newton pensa tout le contraire. Ne sait-on pas par une expérience journalière qu’un projectile lancé horizontalement va retomber d’autant plus loin qu’il est parti de plus haut et avec une plus grande vitesse ? Que l’on se place par la pensée sur le sommet d’une tour