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ET SES TRAVAUX

de la torture s’il ne disait pas la vérité : « Je ne tiens pas, répondit-il avec terreur, je n’ai pas tenu à cette opinion de Copernic depuis que l’on m’a signifié l’ordre de l’abandonner, au surplus, je suis dans vos mains ; faites de moi ce que vous voudrez : je suis ici pour vous faire ma soumission, je n’ai pas tenu à cette opinion depuis qu’elle a été condamnée. » Pourquoi aurait-on usé de violence envers celui qui, protestant contre toute idée de rébellion, se déclarait très-haut l’enfant soumis et obéissant de l’Église et fléchissait avec résignation devant le tribunal dont il n’implorait que la clémence ? Malgré ces raisons décisives, je me sens troublé, je l’avoue, par un souvenir déjà ancien. Très-jeune encore, je me trouvais à Rome avec l’aimable et savant M. Ampère. Plein de confiance alors dans le raisonnement, il m’arrivait souvent de lui démontrer que certaines choses devaient être ou avaient dû être de telle manière et non autrement ; mais lui, par une seule phrase, renversait toute ma dialectique. « Vous oubliez, me disait-il,