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KÉPLER

tredisant, auraient averti et découragé le judicieux et sincère inventeur.

La seconde circonstance, plus remarquable encore peut-être, est l’imperfection des méthodes d’observation et des instruments de Tycho.

Képler a pu affirmer, il est vrai, qu’une erreur de huit minutes était impossible, et cette confiance a tout sauvé ; s’il avait pu en dire autant d’une erreur de huit secondes, tout était perdu. L’organe intérieur du jugement aurait cessé, suivant une expression de Gœthe, d’être en harmonie avec l’organe extérieur de la vue, devenu trop délicat et trop précis.

Képler se trompait, en effet, en regardant l’important avantage obtenu sur la planète rebelle et opiniâtre, comme une de ces victoires décisives qui terminent à jamais la lutte ; ces grandes lois, éternellement vraies dans de justes limites, ne sont pas rigoureuses et mathématiques. De nombreuses perturbations écartent incessamment Mars de sa route, en l’affranchissant peu à peu des liens déli-