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KÉPLER

dis pas seulement un disciple d’Euclide et d’Archimède, mais un lecteur intelligent de Jacobi et d’Abel ; et supposons que, resté étranger à toute notion d’astronomie, il entreprenne de pénétrer par ses seuls efforts la structure générale de l’univers et la disposition de ses parties. Plaçons-le d’ailleurs dans les conditions les plus favorables ; admettons que, libre d’esprit comme Copernic, il ne s’arrête pas aux trompeuses apparences des sens, qui, nous dérobant le mouvement de la terre, ont fait regarder pendant si longtemps son immobilité comme un axiome : que d’impossibilités se présenteront alors à son imagination ! Emporté par un mouvement inconnu, n’apercevant aucune direction fixe, aucune base immobile où s’appuyer pour déterminer les distances, les données lui manquent pour la solution du problème. Notre géomètre parviendra peut-être à élever sa pensée jusqu’au sentiment de notre inexprimable petitesse ; mais, n’apercevant aucune route assurée, il s’arrêtera tout à coup pour affirmer, au nom d’une