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ET SES TRAVAUX

Képler a tenu parole ; il a fait plus encore : en recueillant les fruits de l’œuvre, il a loyalement associé Tycho au partage de sa gloire. Avant de publier les chiffres, il voulut les ordonner et les comparer en s’élevant assez haut pour les contempler d’une seule vue. Une table, si parfaite qu’elle fut, n’était en effet pour Képler qu’une énigme dont il faut trouver le mot, un fleuve dont il faut découvrir la source, une lettre morte à laquelle il faut donner la vie. Il a trouvé dans ces recherches l’emploi le plus utile de son génie, et lorsque, après neuf années de travail, il en déduisit la démonstration de ses lois immortelles, le premier nom inscrit en tête de son livre fut celui de Tycho Brahé. Tycho cependant n’avait jamais eu de telles aspirations ; ses registres ont aidé Képler sans l’inspirer. Une si haute entreprise lui eût sans doute semblé chimérique et stérile. Quand il possédait les chiffres précis, il n’y avait plus, suivant lui, de mystère à découvrir. Absorbé par l’observation des mouvements célestes, il n’avait ni le loisir d’en