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L’APPEL DU SOL

Et le monde se fait un concept de la guerre d’après leurs articles, qui correspondent à l’idée vague qu’ils s’en faisaient pour avoir lu l’Iliade et les divers traités d’histoire qui sont en honneur dans nos lycées et dans nos écoles primaires. Pour eux, ils sont bien tranquilles derrière leur bureau de travail. Nous, nous avons vécu depuis quelques jours les heures que vous connaissez. Vous verrez que c’est eux qui auront raison. Quand nous reviendrons, après nous avoir fêtés pour nos exploits ou nos blessures, on ne croira point que la guerre est telle que nous la décrivons : car elle apparaîtrait comme trop dure et trop simple, comme sans panache et toute soumise aux lois du destin.

— Mon cher Vaissette, dit Fabre, il me semble que nos raisonnements nous mènent à des fins identiques. Mais je suis soldat. Je ne veux pas croire, malgré notre expérience et nos spéculations, que la victoire dépende, comme le sort des individus, de la fatalité. Il y a eu des génies militaires, Annibal, César, Napoléon.

— Certes, ne le nions pas, répondit le ser-