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L’APPEL DU SOL

côte. Lucien Fabre repassait encore en son esprit militaire tous les événements de la veille. C’était un cerveau pénétrant ; mais étant soldat de son métier la révélation de certains faits, qui n’avaient point frappé Vaissette, le déroutait. Vaissette avait trouvé naturel qu’on fût isolé pendant le combat, que l’initiative fut laissée par le déroulement même des événements à chaque commandant de compagnie, Fabre ne voulait point admettre cela.

— Il n’y a, s’obstinait-il à dire, aucune liaison entre les armes, aucune liaison entre les troupes qui donnent et le commandement.

Les deux jeunes gens s’étaient arrêtés. On approchait de la sortie de Rémécourt. Tous deux laissaient aller leur pensée encore diverse et confuse.

— Il nous manque le recul pour juger, déclara Vaissette.

Lucien Fabre était du même avis.

— Espérons, dit-il, que le dieu des batailles nous épargnera afin que nous puissions atteindre ce temps où il nous sera possible d’être des juges. Mais alors on nous dira que nous ne savons pas de quoi nous parlons. Déjà des