— Je cherche le capitaine, mon lieutenant, dit-il.
À ce mot, Lucien sent un coup brutal qui lui étreint la poitrine, puis une angoisse qui demeure. Le capitaine ? Il ne l’a plus revu. Il n’a même plus pensé à lui. Le cycliste tend un papier. Machinalement le jeune officier le prend.
— Donne, dit-il.
Il explique à Vaissette :
— De la division on nous mande de nous replier devant l’attaque. On ne peut pas nous envoyer de renforts. Il est temps maintenant de recevoir des ordres ! Nous dormirons ici sur notre position. Vous allez rester là. Je descends quelques pas pour reconnaître les blessés.
Lucien Fabre dévale la pente, comme tout à l’heure pour l’assaut. Il voudrait courir. Mais il marche sans hâte, afin de paraître digne : il sait que ses chasseurs l’observent. Il parcourt à grandes enjambées le terrain du combat.
Il s’arrête brusquement. Les larmes jaillissent de ses yeux. Il se raidit pour ne pas chanceler, puis il s’incline vers la terre, à genoux.