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L’APPEL DU SOL

Lucien s’est retourné. Le capitaine Nicolaï est derrière lui, le fusil d’un mort à la main.

— C’est le couronnement d’une carrière, lui crie le sous-lieutenant.

Ses yeux resplendissent, illuminés. Il se sent environné de gloire.

— Je charge avec vous, répond Nicolaï.

Et, traversant le front de leurs hommes, sans se presser, les deux officiers font quelques pas en avant.

— Commandez la charge ! crie Nicolaï, qui s’est porté à droite, en tête de la quatrième section. Les fantassins, à côté de nous, vont charger aussi.

Fabre se retourne vers ses hommes, il étend le bras en avant, et, de tous ses poumons :

— En avant ! À la baïonnette !…

Le déclenchement se produit. Une détente de tous ces hommes. Un seul cri de cinquante poitrines. Quelques secondes de folie.

Une ruée dévalant la pente parmi les petits sapins. Un mur hurlant, hérissé de baïonnettes. Puis, les chasseurs se dispersent. Deux groupes,