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LA MORT D’UN SOLDAT

l’infini. Elles se lient les unes aux autres, compagnie à compagnie, régiment à régiment, brigade à brigade. Tous les hommes courent vers la crête. La masse pesante semble poussée par une force invisible, qui la balaye vers l’avant. Les lourds casques pointus, les corps épais, sont portés par des ailes.

— Baïonnette au canon !

En quelques secondes, le commandement de Fabre a été exécuté. Les lames d’acier sont sorties d’un même mouvement, avec un bruit clair et sec, du fourreau, et se sont ajustées au canon des fusils. Un calme immense et joyeux s’est emparé de Lucien.

— À 600 mètres… Joue… Feu !

La ligne des flammes blanches brille sous la baïonnette.

— À volonté… Feu !

Et les hommes tirent encore.

Fabre, tranquillement, derrière eux, charge son revolver. Il crie :

— Serrez-vous, serrez-vous !

Les deux sections sont là, coude à coude. Les chasseurs manient leur fusil pour s’entraîner à l’assaut. Pas une main ne tremble.